La typographie est l’art de bien choisir et de bien utiliser les caractères. C'est aussi l’art de choisir et d’assembler les caractères pour être lu, permettant la mise en forme des mots et des pages. Son objectif premier reste le respect de la lisibilité, quel que soit le support utilisé.
La typographie ne se réduit pas à la mise en forme de la lettre, mais s’étend jusqu’à la mise en page du texte. Elle se différencie de la calligraphie qui est un art lié à l’écriture manuelle, mais les typographes se sont largement inspirés de la calligraphie. Trois dimensions constituent la typographie : la police, l’espacement et la mise en page.
Les formes des polices ont été influencées à la fois par les lettres gravées, les lettres calligraphiques et les lettres manuscrites.
Pour commencer, il faut identifier quatre sortes de forme de caractères :
Qu’est-ce qu’une police (ou fonte) : L’origine vient des caractères en plomb. C’est la composition d’une famille de caractères homogène graphiquement. Comme toutes les familles, elles ont un nom, la plupart du temps celui de leur créateur, mais peuvent aussi prendre le nom du client pour lequel elles sont créées.
Dans le contexte de la composition au plomb on appelle fonte l’ensemble des caractères d’une famille dans toutes les graisses et dans tous les corps. Tandis que le terme de police désigne une uniquement une graisse. A noter que les anglo-saxons ne font pas la différence dans l’appellation.
Les empattements sont des petits traits situés à l’extrémité des traits principaux des caractères et généralement perpendiculaires à ceux-ci. Ils ne jouent pas simplement un rôle décoratif. Ils aident l’œil et le cerveau en donnant une légère horizontalité au texte.
Les caractères à empattement sont plus facile à lire et donc seront préférés pour le texte courant ou le corps d’un article.
Les caractères à empattements sont divisées en cinq grandes catégories :
Les polices à bâton en revanche, seront préférées pour donner de l’impact ou de la puissance dans les titres, surtout si l’on travail avec une graisse forte.
En typographie, la terminologie utilisée se rapporte à l’époque où on manipulait les caractères un à un. Ils étaient rangés dans des boîtes subdivisées en petites cases, appelés cassetins. La totalité des cases ou cassetins, s’appelle une casse.
Exemple de casse Parisienne
Aujourd’hui remplacée par les Glyphes
A chaque petite case, correspond une lettre. L’organisation de la casse répondait à la nécessité d’avoir des mouvements les plus rapides possible. C’est pourquoi les minuscules, étaient situées en bas de la casse d’où le nom de bas de casse, tandis que les majuscules, plus grandes étaient rangées en haut (haut de casse) ou capitales.
Le Cadratin ou carrée em :
L’unité de mesure typographique relative fondamentale est le cadratin ou carrée em dit également em (terme américain). Le cadratin est un espace dont la largeur est égale à la hauteur de la force de corps utilisé.
Le carré em représente un concept clé dans la création des caractères. La largeur de chaque caractères est exprimée en fraction d’em, le plus souvent en millièmes.
Le corps du caractère :
Contrairement aux idées reçues le corps n’est pas la hauteur visible de la lettre, mais la hauteur totale de cette dernière.
Cela comprend la partie visible (la taille ou la hauteur d’œil) et la partie invisible (les talus de pied et de tête). Le corps c’est la hauteur totale.
A noter que la partie centrale de la lettre est appelé taille pour les capitales ou hauteur d’X ou d’œil pour les bas de casse courtes.
La hauteur d’œil des caractère n’est pas visuellement la même pour toute les polices pour un même corps. En règle générale cette dernière représente 2/3 pour un caractère à bâtons et 3/4 pour un caractère à patins.
La chasse :
Il s’agit de la largeur totale du caractère comprenant la partie visible du caractère : l’œil du caractère, et les parties invisibles : les approches
Elle varie d’un caractère à l’autre ayant la même force de corps. Les trois exemples
pris comme éléments de référence sont le «M», le «N», le «I» qui évidemment n’ont pas les mêmes encombrements. Le créateur de la police doit envisager une chasse d’un cadratin pour le «M», d’un demi cadratin pour le «N» et d’une fine (soit 1/4 de cadratin) pour le «I».
On dit que certaines familles de caractères «chassent» plus que d’autres. Cela veut dire que le même texte sera plus ou moins long selon la police utilisée.
Les approches :
Les approches sont les blancs latéraux dans la largeur du caractère. Elles sont là uniquement pour empêcher que les lettres se touchent.
Contrairement à la composition au plomb les logiciel de PAO permettent de joueur sur les approches de paire ou les approches de groupe, ou encore de modifier le crénage.
Crénage et approche !
Pour rappel l’unité de mesure employé pour le crénage et l’approche est identique : le millième de em ou de cadratin. Les réglages seront possibles en dix millième de cradatin dans XPress et en deux cents millième de cadratin dans InDesign.
Pourtant l’ojectif de ces deux réglages est différent. Le crénage est très ciblé, il corrige l’espace séparant des paires spécifiques de lettres pour éliminer des anomalies d’espaces résultant de la forme des lettres qui peuvent paraître trop ou insuffisamment éloignées les une des autres.
L’approche en revanche s’applique d’une manière simultanée et identique à tous les caractère de la sélection.
Il existe dans une police plusieurs déclinaisons possibles comme les graisses les pentes ou les allures. Par exemple pour le fonte Futura std de Adobe©
Les graisses : Romain, Maigre, Demi-gras, Gras, Extra-gras
La pente : Stadard ou italique
L'allure : Condensed et Extented mais aussi le Maigre italic, Demi-gras italic, Gras italic, Extra-gras italic mais aussi Condensed Extra-gras italic ou Extended Demi-gras italic
À noter, depuis l’avènement de l’informatique, il est permis de modifier électroniquement le dessin d’un caractère typographique. Le danger, ne plus respecter de la beauté et de la pureté du dessin original du concepteur. Aussi des proportions sont à respecter afin de ne pas gêner sa lisibilité. Pour un caractère à étroitiser (s’il n’est pas déjà étroit d’origine) : il faut être à 75 ou 80 % de la valeur du dessin normal. Pour un caractère à élargir (s’il n’est pas déjà élargi d’origine) : il faut être à 120 ou 125 %
Les graisse, les pentes, les capitales, les bas de casse s'emploient pour enrichir un texte afin de traduire une symbolique
Usage des caractères pour un document imprimé
Pour les documents imprimés on distingue deux types d’informations : celle qui est destinée à être vu (un titre par exemple) et celle destinée à être lu (le texte qui est le contenu).
En règle générale on utilise une police sans empattement pour voir et une police avec empattement triangulaire pour lire. Pour cela Il suffit de regarder un magazine ou un journal. Les titres sont en caractères Linéales comme un Helvetica ou un Futura. Le texte est en caractères Garalde ou Réale comme un Times ou un Garamond et Il en sera de même pour le corps d'ouvrage des romans.
Un caractère avec empattement « s’étale » bien sur le papier et le « recouvre » correctement. C'est l'ensemble des patins se trouvant au niveau de la ligne de base de l'ensemble des caractères qui constituent une ligne « imaginaire » qui permet ainsi un confort de lecture. Les polices de cette catégorie sont adaptées pour des textes longs car elles ont peu de personnalité et ont tendance à s’effacer derrière le message.
Un caractère sans empattement « sort » du papier. Les polices de cette catégorie sont adaptées pour des textes courts car elles ont de la personnalité et accompagnent le message.
Usage des caractères sur écran
Pour l’écran c’est l’inverse, les lettres avec empattements sont moins lisibles que celles sans empattements. Il y a trois raisons à cela.
Pour résumer, sur écran il vaut mieux utiliser des caractères sans empattements. Il vous faudra dans certains cas bien expliquer cela à son "client" qui désire transposer telle quelle sa charte graphique papier sur écran.