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Christophe Guillet 
Support de cours

Choix des polices

Dans un document, il peut y avoir plusieurs raisons de changer de police de caractères. Ce peut être pour des raisons légales, par exemple pour des contrats d’assurances ou pour organiser une hiérarchie dans les niveaux de titre. Un changement de police est parfois nécessaire pour mettre en valeur un passage d’un texte. Le choix des polices est généralement dicté par les trois considérations suivantes.

  1. Les polices sont choisies en rapport avec leur lisibilité. Un texte imprimé doit être lu le plus agréablement et le plus facilement possible. Le choix d’une bonne police permet de placer le maximum d’informations dans un minimum de place tout en conservant une lecture facile.
  2. Les polices sont généralement utilisées pour mettre une partie du texte en évidence. Généralement, la mise en valeur d’une partie du texte est obtenue au moyen de polices permettant la combinaison de graisses, pentes ou allures mais aussi en augmentant le corps des caractères.
  3. Les polices sont utilisées pour améliorer l’aspect esthétique du texte.

Dans un même document, on ne mélange pas les familles entre-elles, et on n’utilise pas plus de deux styles de polices différentes.

Les polices appartenant à la famille des linéales (sans sérif) se marient avec toutes les autres familles.

Associations de caractères agréables

  • Linéales avec Garaldes, Réales, Didones
  • Graisse forte avec graisse light
  • Manuscrites avec linéales
  • Fantaisies avec Garaldes, Réales, Didones

 

Les Classifications

Il existe une infinité de polices de caractères typographiques numériques sur le marché. Beaucoup se ressemblent ou paraissent se ressembler. Comment faire pour se constituer une typothèque minimale qui puisse répondre à l’essentiel des besoins typographiques courants ?

Afin de pouvoir identifier plus facilement les caractères, ces derniers se regroupent en plusieurs familles, chacune établie sur des caractéristiques du dessin des lettres. C’est ce qu’on appelle une classification de caractères.

Les classifications suivantes sont valables pour les caractères normaux de lecture, mais un grand nombre de caractères contemporains échappent aux classifications.

Chaque classifications ayant ses défauts et ses qualités et aucune n’est parfaite.

La plus simple est celle de Francis Thibaudeau (1860-1925) mais celle de Maximilien Vox (1894-1974) reprend la classification Thibaudeau et la complète de façon beaucoup plus précise. C’est la classification la plus universelle, notamment depuis qu’elle est adoptée en 1962 et complétée par la plus importante organisation typographique internationale (l'Atypi).

Il existe d’autres classifications : Aldo Novarese, la norme DIN, Marcel Jacno, Jean Alessandrini…

 

La classification Thibaudeau

 

Elle se base sur la forme des empattements des lettres. Dans sa forme originale, cette classification distinguait quatre familles principales : les Elzévir, les Didot, les Egyptiennes, les Antiques.

De manière à classer des typographies moins courantes lui a été aussi ajouté trois autres familles : les Écritures, les Fantaisies, les Gothiques.

Famille des Elzévir

Regroupe tous les caractères à empattements triangulaires, dit aussi Romain Ancien.

Famille des Didots

Regroupe les caractères possédant un fort contraste de graisse entre les pleins et les déliés et dont les empattements sont filiformes, dit aussi Romain Moderne.

Famille des Antiques

Regroupe tous les caractères sans empattements.

Famille des Égyptiennes

Regroupe tous les caractères avec empattements rectangulaires. Les Égyptiennes se subdivisent en trois sous-classes : Françaises, Anglaise, Italienne.

Les Égyptiennes dites françaises : Se caractérisent par un empattement rectangulaires. Exemple : Rockwell

 

Les Égyptiennes dites anglaises : Se caractérisent par un léger arrondissement intérieur des angles, opération n’atteignant pas les angles des traits d’empattement. Exemple : Clarendon

 

Les Égyptiennes dites italiennes : Se caractérisent par un empattement renforcé et exagéré donnant l’impression du reste du dessin de la lette amaigris. Exemple : Barnum

Famille des Écritures

Regroupe tous les caractères à l’imitation des graphismes manuscrits, pleins et déliés différenciés suivant le genre d’outil utilisé (stylo, plume, feutre,...)

Famille des Fantaisies

Regroupe tous les caractères qui s’écartent de l’imprimé.

Famille des Gothiques

Regroupe tous les caractères de type médiéval, style de caractère utilisé par Gutenberg.

 

 

Classification Vox & Vox ATYPI

Cette classification est élaboré par Maximilien Vox en 1954 et  comprend neuf familles de bases qui sont : les Humanes, les Garaldes, les Réales, les Didones, les Mécanes, les Incises, les Linéales, les Scriptes, les Manuaires.

C’est la classification la plus universelle, notamment depuis qu’elle est adoptée en 1962 et complétée l'Atypi.

La classification dite Vox Atypi est complété par deux autres familles : les Fractures

et les Non latines.

Famille des Humanes

Premiers caractères romains (droits) gravés par les imprimeurs vénitiens aux xve siècle. Les empattements sont courts et épais. Les hampes des capitales sont longues. (Caractère : Hadriano)

Famille des Garaldes

Époque Renaissance. Les hampes sont plus courtes que les Humanes. (Garamond). Elles comportent des pleins et des déliés et l’axe (dans les « o » et « e ») est incliné. Les capitales sont également plus courtes que les hampes des bas de casse.

Famille des Réales

Analogue aux Garaldes, l’œil est plus étroit. Les pleins et déliés sont verticaux  (New Baskerville). Capitales et hampes des bas de casse sont égales.

Famille des Didones

Formé à partir de Didot et Bodoni. Les pleins et déliés très marqués (déliés filiformes).

Famille des Mécanes

Mot formé sur mécanique, pour évoquer l’aspect très géométrique de ces caractères à patins rectangulaire. (Memphis, Rockwell).

Famille des Linéales

Caractères sans patin, linéaire, mais dont l’épaisseur peut varier sans pour autant parler de pleins et déliés. Ex. Helvetica, Frutiger, Optima, Futura, etc.

Famille des Incises

Leurs formes rappellent les inscriptions gravées sur les monuments romains de l’antiquité. Ce sont des caractères qui présentent des arêtes vives et des patins peu marqués : Tiepolo

Famille des Scriptes

Couramment aussi appelées les Anglaises. Évoque l’écriture cursive apprise à l’école comportant des plein et déliés. Les formes sont très courbes, et sont surtout utilisés dans les travaux de ville : Kuenstler

Famille des manuaires

Évoque les écritures antérieures à la typographie, utilisés sur les manuscrits du Moyen Age : Ondine.

Famille des Fractures

Caractères gothiques que l’on trouve surtout dans la typographie allemande qui a utilisé ce type de typographie jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale.

Famille des Caractères non latins

Les symboles et caractères grecs,  (utilisés en mathématiques)ou cyrillique font partie de cette catégorie. Cette famille est particulièrement étendue ; on y retrouve de l’alphabétique, de l’idéographique, du pictographique.

En ce qui concerne la catégorie des alphabétiques elles se déclinent également selon les classes précédentes. Donc il sera possible de rencontrer des Cyrilliques Linéales ou des Grecques Mécanes.

 

 

Classification Novarese

Aldo Novarese, typographe italien contemporain, créateur de nombreux caractères pour la fonderie Nebiolo de Turin propose une classification en dix familles relativement simple et efficace basée uniquement sur la forme des empattements.

  1. Famille des Lapidaires
  2. Famille des Ornées
  3. Famille des Médiévaux
  4. Famille des Égyptienne
  5. Famille des Vénitiens
  6. Famille des Linéaires
  7. Famille des Transitionnels
  8. Famille des Fantaisies
  9. Famille des Bodoniens
  10. Famille des Écritures

 

 

 

Christophe Guillet 
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